Week end famille en Gironde

Lorsque j’entends mes deux petites femmes me dire : « tu sais papa ! nous on est fatigué, on a besoin de vacances ! » Mes poings se ferment et rejoigne mes hanches, mon menton se dresse vers l’horizon, ma poitrine se gonfle étirant le deuxième bouton de ma chemise, celui qu’on appelle mardi, à pas confondre avec celui du mercredi sinon c’est le bazar. Mes pieds respectant un écartement en parfait alignement avec mes épaules, mes yeux se plissent comme éblouis par le soleil et je m’entends encore leur répondre ceci : « ne vous inquiétez pas les filles, papa s’occupe de tout ! »

Je m’en vais donc naviguer sur ce fameux site de location de maisons et d’appartement avec lequel j’avais déjà vécu une belle expérience à Avignon lors d’une formation BAFA (Brevet D’Aptitude aux Fonctions d’Animateur). Mais cette fois j’utilise l’appli directement depuis mon smartphone. Je cible assez rapidement la région, ce sera la Gironde, pourquoi ? Car il y a plus de dix ans de cela, c’était le terrain de jeu de mon cousin et moi-même, Bègles, Mimisan, Lacanau, La Dune du Pilat et toutes les Landes, autant de vastes territoires que nous parcourions à bord de la fameuse Super 5, autoradio CD chargé de compil de l’époque : Cunnie Williams, Eagle Eye Cherry, Ben Harper… bref que du bon, que du bon ! Donc ce ne pouvait être qu’une valeur sûre pour ma petite famille. Après un rapide aperçu des locations environnante, je sélectionne une maisonnette dont les commentaires font l’éloge :
« Nous avons passé d’excellentes vacances en famille dans la maison »
« L’accueil fut très chaleureux »
« Accueil très chaleureux et des propriétaires très disponibles »
Allez vendu ! Je laisse un rapide message aux propriétaires, décrivant mon projet de faire découvrir à ma femme et ma fille, cette superbe région. La réponse ne se fait pas attendre puisque dans l’heure j’ai un accord de principe. Juste le temps de valider le paiement et nos petites vacances sont ainsi promptement organisées.

Seule interrogation désormais, le moyen de locomotion ?
Zou ! Direction l’appli IdTGV. Mais comment faisaient nos parents à l’époque où les portables n’étaient pas des téléphones mais des ordinateurs de 10,5kilos et où le mot appli ne voulait strictement rien dire ! Ah mais c’est peut-être à cela que devait servir les pages jaunes ? Trouver des adresses intéressantes.

Billets de trains virtuels en poche, IdCab réservé pour éviter de trainer dans le RER A à 6h du mat’. Il ne me restait plus qu’à définir comment nous rendre de la gare de Bordeaux jusqu’à Carcans, soit à peu près 50 bornes. Facile, je lève le bras au bout duquel se trouve ma main, dans laquelle se trouve mon portable, dans laquelle se trouve un trésor d’appli, merci IBM !

Allo OuiCar, je voudrai une petite voiture pas trop chère me permettant de faire de la route depuis la gare de Bordeaux ! Et si possible avec quelqu’un de sympa ! C’est trouvé ! En plus la propriétaire est à fond dans le commerce de cosmétique naturelle, peut-être une occasion d’acheter de bons produit pour Agnès, une pierre deux coups ! Maritza valide ma demande et me voilà l’heureux locataire d’une Citroën Saxo, ouahh ça va me rappeler encore plus mes aventures de routard avec mon cousin.

3 billets, une location de voiture, une location de maison, le plus dur est fait ! Enfin ça c’est ce que je croyais… Dès que j’ai annoncé la bonne nouvelle à ma femme cette dernière ne m’a pas lâché une seconde : « vas-y donne moi un indice ! Donne moi un indice ! », et encore là je ne vous parle que du soir au moment de se coucher, alors imaginez en pleine journée avec une tasse de thé au guarana dans l’estomac. Ce fut un mois à me cacher de ma propre moitié de peur qu’elle me saute à la gorge afin de lui lâcher l’indice qui lui  permettra de découvrir la destination. A bout de force, à J-7, alors que je pensais avoir fait le plus long du chemin, une tartine de pain briochée dans une main, ma tête encore toute enfarinée du réveil dans l’autre, la voilà qui arrive, m’abordant avec ces yeux du petit chat beauté, larmoyant presque à l’agonie : « s’il te plait un indice ? ». Repensant alors à ces centaines de femmes que je laisse bien nonchalamment sur le bord de la route : « s’il vous plait m’sieuuuuuuu…… », je ne peux m’empêcher cette fois de répondre à la demande et j’envoie ce fameux indice de trop : Les Fréro Delavega. Pour les fans, vous aurez vite compris le parallèle entre ces chanteurs originaires de la région Bordelaise et la destination surprise. La surprise n’était plus mais le plaisir était intact.

Mardi soir objectif valise ! Maillot de bain ou pull en laine ? that’s the question ! Bon allez prenons les deux dans le doute. Je prépare également mon sac de plongée, on ne sait jamais si le temps le permet je pourrai découvrir la faune sous-marine landaise. Dommage pour la découverte de l’épave du Chariot, cette sortie s’effectue le dimanche matin… une autre occasion de revenir.

5h du mat’ le réveil sonne. Si tôt me direz vous pour un train à 7h28 ? Bah c’est exactement ce que j’ai dis à l’opérateur d’IdTGV : « oui mais vous comprenez ce n’est pas nous qui décidons c’est le système informatique qui calcul… et il prend en compte que c’est un jour de départ en week-end prolongé… et il faut que vous arriviez 1/2 heure avant l’heure de départ… », bon ok faut être prévoyant mais à ce point, j’ai l’impression de prendre l’avion. 5h35 le VTC est à l’heure prévue, et comme on pouvait s’y attendre, 20 minutes plus tard on se retrouve à la gare, merci IdTGV ! Heureusement pour nous, en face de la gare un café ouvert 24/24. En route pour un petit déjeuner. Finalement tout se cale assez bien, 7h bien mangé et tout le monde est installé dans la voiture 12, première classe, on va pouvoir finir notre nuit.

« Mesdames et Messieurs, nous arrivons en gare de Bordeaux Saint-Jean dans une dizaine de minutes, la SNCF vous souhaite un agréable séjour », hein ? quoi ? déjà ? je tente de sortir Agnès du coma profond dans lequel elle a sombré pendant que notre fille s’enthousiasme d’avoir pu regarder son dessin animé jusqu’à la fin, « bah oui ma fille, papa est trop fort, j’avais tout calculé. » Ma femme décolle son menton de son épaule, révélant sur sa joue la marque de sa veste, preuve que le sommeil fut bon !

La descente du train se fait rapidement et nous nous dirigeons vers l’accès dépose minute ou Maritza nous attend avec sa saxo blanche. Couverte d’un chapeau de paille, telle une hawaïenne qui nous reçoit à la descente du bateau, le premier contact avec la population locale est très attrayant. Nous chargeons le coffre et en route pour Carcans ! Première observation, la météo n’est pas favorable, nuage et vent nous accompagne durant le trajet.

Plus d’une heure plus tard (oui j’ai un peu tourné dans Bordeaux avant de prendre la route), nous arrivons à Carcans. Petite ville ancienne mais très bien entretenue, la Mairie au style si atypique donc la façade a été conservée, protège de nouveaux bâtiments administratifs tout neufs. Tout le confort et les services sont proposés : Carrefour, boulangerie, pharmacie, boucher, banque, poste, maison de jeune, brasseries… bref tout le confort d’une grande commune sans les inconvénients. Nous arrivons à bon port et au loin la plaque de pierre inscrite : « Gare », nous indique le lieu de notre villégiature. Braz nous accueille avec un sens de l’hospitalité qui rappelle celui de nos hôtes canadiens, bienveillant, plein d’humour et heureux de nous accueillir dans sa demeure. Quel bonheur d’être reçu de la sorte, on se sent de suite à notre place, comme un autre chez nous. La maison est à quelques pas de la leur, leur tournant le dos il n’y donc pas de vis à vis. L’ensemble est une ancienne gare et notre logis l’ancienne cabane à vélo réaffectée depuis. Les rails ont laissé place à une piste cyclable de plus de 300 km, de quoi ravir les puriste de l’activité ainsi que les randonneurs. Mais revenons à la visite de notre location, une superbe terrasse nous permet d’imaginer de belles séances de repos allongés sur le transat. A peine avons nous posé le pied entre les murs et je découvre avec plaisir à quel point la description sur le site de location rend parfaitement hommage à cette belle demeure : lumineux, bien agencé, avec tout le matériel dont peut avoir besoin une famille en vacances, du petit bureau pour dessiner, aux vélos pour les balades en passant par le lit parapluie et la bibliothèque et la vidéothèque. Si nous avions l’assurance d’un temps estivale nous aurions pu nous satisfaire d’un sac à dos de vêtement car il y a vraiment tout sur place. Pour couronner le tout, Braz nous offre une bouteille de Médoc de 2010 ! A croire que c’est nous qui le recevons dans notre demeure et qu’il tient à nous remercier ! Que ça soit dit et écrit, c’est endroit fait parti de notre top FIVE des meilleurs lieux de vacances en famille.

Day 1 / Prenons nos marques !

Nous voici installé, Emy a trouvé sa chambre et posée ses doudous. Agnès a branché son ordi et s’est connectée à la wifi. Les courses sont faites. On peut désormais profiter du lieu et de ses alentours. Première étape : Carcans plage. En voiture c’est à moins de dix minutes, le parking est pratiquement désert, ça change de mes souvenirs d’antan où la foule des aoutiens engendrait des heures de bouchons. La plage est superbe, large par marée basse, une lumière traversant les nuages, l’air iodée nous revigore le corps. Emy est comblée, les tonnes de sable qui gisent sous ses pieds sont à la mesure de ses rêves de construction les plus fous : château, tunnel, crevasse, tout y passera ! Avec en prime, la découverte de superbes coquillages. Les deux heures passées sur ce littoral ne suffira pas à notre fille, la promesse est donnée de revenir le plus tôt possible. En partant nous assistons à l’atterrissage d’un parapentiste sous l’œil subjugué de  notre enfant, décidément ces vacances promettent de belles surprises.

Le soir nous ne faisons connaissance avec la femme de Braz, Martine. Tout aussi attentionnée à notre égard, elle révèle à Emy le secret de sa maison : un arbre à bonbons qui produit de temps à autres, des œufs en chocolat, des barres de céréales et toutes autres fantaisies sucrées,  elle sait parler aux enfants, et surtout à notre fille ! Désormais cette derniere n’aura plus qu’une idée en tête : comprendre le mystère de l’arbre à bonbons.

Day 2 / Visite de Bordeaux

Deuxième jour à Carcans et c’est de bon pied, bon œil que je monte sur un des nombreux vélos de la propriété, à la recherche de croissants, pains au chocolat et baguette tradition pour le petit déjeuner. Mes chéries m’attendent l’air réjouit, salivant déjà à l’idée de cette collation matinale au soleil qui plus est, un véritable bonheur !

Aujourd’hui le programme sera : la visite de Bordeaux et la rencontre avec une copine d’Agnès, vous savez ce genre de copine que l’on ne connait pas mais que l’on a l’impression de connaitre tant votre compagne vous en parle mais qu’elle ne connait que de facebook ! Étonnant ces nouvelles cyber-relations non ?

Retour donc sur notre lieu d’arrivée, le chef lieu de la Gironde, la capitale du bon vin. Grâce à l’appli Waze, et oui encore une fois le portable me vient en aide, nous trouvons le lieu de notre point de chute, allée de Tourny, direction l’office du tourisme. On a rendez-vous avec le petit train pour faire la visite du vieux centre ville dans deux petites heures. En attendant direction le miroir d’eau, cette nouvelle construction qui agrémente les quais de la ville est un lieu particulièrement surprenant. Des plaques de granite jonchées d’une couche d’eau de 2 à 3 cm, émettant de la vapeur d’eau par intermittence, le tout sur une surface de près de 6000m2. Ce miroir doit prendre toute sa dimension en période de soleil, la réverbération de la lumière doit donner une impression d’une morceau de ciel tomber sur la terre.

Malheureusement la pluie sera notre amie fidèle et nous nous réfugions dans un café restaurant, le Castan. Cet établissement de la fin du 19ème siècle a conservé une décoration original mélangeant le fer forgé et la mosaïque, et ornant en au centre de la salle un palmier imposant. Les plats rendent hommage à ce restaurant, bien garni et peu cher. Cette petite pause nous a permis de retrouver quelques rayons de soleil. Juste le temps de monter dans le petit train et en route pour le vieux Bordeaux. Cette ville a su conserver le charme de ses anciennes construction ainsi que la mise en valeur de sa fameuse place des Quinconces, la plus grande d’Europe. Les commentaires nous prodiguent plein d’anecdotes qui raviront les passionnés d’histoire.

Day 3 / Dune du Pyla

Troisième jour, nous commençons par prendre le rythme des vacances. 11h le petit déjeuner et digéré, les affaires prêtes, c’est parti pour la visite du bassin d’Arcachon et sa célèbre Dune du Pilat. La route est longue d’autant que nous sommes régulièrement ralenti par des camions ou des campings cars sur cette étroite départementale. Au bout de deux heures avec un arrêt à Décathlon pour acheter un cadeau rigolo pour les 40 ans de mon pot

e Ahmed, et un leggins à Emy, nous voici arrivé à Pyla sur mer. Après cette traversée nous avons bien mérité une pause dans un restaurant face à la mer, le Cap, protégé par une véranda, nous profitons de la vue sans les désagréments de la météo. Une fois rassasiés, nous sommes fin prêts à affronter les 115 mètres d’ascension de la dune.

Le parking est assiégé par des hordes de touristes qui s’agglutinent en masse devant l’entrée de la dune, mais cela ne suffit pas à abattre notre motivation. Une place est rapidement trouvée pour notre petite voiture. Et nous voici au pied du tas de sable le plus grand que nous n’ayons jamais vu. Comme si un géant avait fait tombé son seau à l’orée de la forêt. Emy et Agnès sont subjuguées par cette immensité. C’est le même effet que cela m’avait produit il y a une dizaine d’années auparavant. L’excitation nous entraine vers le sommet. Nous choisissons le chemin des besogneux celui sans les escaliers, l’escapade n’en sera que plus belle. L’effort est là, présent, sous nos pas, l’impression que pour chaque mètre gagné on en perd deux en glissant….

Enfin l’horizon se présente à nos yeux, le paysage est splendide ! D’un côté l’ouverture du bassin d’Arcachon sur l’océan, la force du vents nous fouette le visage d’embruns au gout salé. De l’autre, la forêt de pin sur plusieurs hectares. Au milieu de tout cela, la Dune, trône fièrement « tel un cap, tel un roc que dis-je ? une péninsule ! ». La petite famille est sous le charme. En dépit de l’absence du soleil, nous contemplons ce tableau, et là j’ai envie de m’extasier : « du haut de cette Dune 40 siècles nous contemplent », mais je ne m’appelle pas Napoléon, alors je sors la main de ma poche, je range mon bicorne, et je dis à ma fille : « aller, viens on roule dans le sable », oui c’est sûr que cette phrase ne restera pas dans la conscience collective, mais je peux vous dire que dans la tête de ma fille ça a eu son petit effet.

Le retour au bercail sera plus rapide qu’à l’aller. Mes petites femmes dorment tout le trajet bercées par les suspensions de la voiture, rêvant à coup sur de Dune et de géocaches trouvés dans les bunkers de la région. Oui, j’ai oublié de vous le préciser mais nous sommes également des géocacheurs, c’est une passion qui nous vient de nos voyages et que je commenterai lors d’un prochain article.  Le soleil nous rejoins en fin de journée, nous accompagnant même jusqu’à notre balade quotidienne le long de la plage de Carcans.

Day 4 / Lac d’Hourtin & Ville de Maubuisson

Quatrième et dernier jour, nous avons décidé de découvrir la piste cyclable, le lac d’Hourtin et la ville de Maubuisson. Et pour rendre l’aventure en deux roues plus attrayantes pour notre petite, il se trouve que tout le chemin est parsemé de géocaches, décidément faut absolument que je vous en parle dans mon prochain article, une aubaine donc pour rendre la balade plus attractive. une dizaine de kilomètres en deux heures et demi, sans les voir passer. Tantôt la tête dans les nuages à contempler le paysage qui défile, tantôt la tête dans les buissons à chercher les indices. En plus le soleil nous a souri sur une bonne partie de l’aller, malheureusement il nous quittera pour notre pique-nique de bord de mer et notre goûter en ville. Le retour sera plus rapide puisque pratiquement 30 minutes suffiront. De quoi profiter encore un peu de notre logis de plaisance. Cette balade à belle et bien entériné notre envie de revenir à Carcans pour profiter des promenades et du littoral Aquitain.

Dimanche c’est le cœur serré que nous saluons et remercions chaleureusement nos hôtes Martine et Braz. On s’interdit d’appeler cela des adieux car que cela soit dit et écrit, nous reviendrons à la gare de Carcans, à la recherche de multiples trouvailles, du mystère de l’arbre à bonbons et pour découvrir toujours plus cette belle région.

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