Mission Canada // Part. 16 Bonaventure – Rivière aux loups

8h30 : Réveille en fanfare afin d’être opérationnel pour notre sortie canoë : « Emy mange un peu plus sinon tu vas avoir faim sur le canoë ». Le linge est étendu est comme prévu, c’est à dire toujours mouillé ! Vous ne connaissez pas le théorème du camping : tout linge humide étendu de façon parallèle face au soleil le soir, restera mouillé jusqu’au lendemain ! Je vais éditer le manuel du parfait campeur et je pourrai toucher des droits et partir en vacances au bout du monde dans des hôtels de luxe ! Bah oui c’est bien connu, les plus riches se font du fric sur les conseils qu’ils donnent sans jamais être capable de les suivre eux mêmes.

10h : Nous sommes parés. Gilets de sauvetage enfilé, pagaye à la main : « Non Agnès lâche cette pagaye celle-ci c’est pour les kayaks…oui je sais qu’elle te plaie, si tu veux tu n’as qu’à prendre la jaune elle est belle aussi ! »

10h30 : Nous traversons des décors de folie sur une eau translucide ! Je crois qu’après l’eau des Maldives je n’ai jamais vu une eau aussi transparente ! La seule différence, peut-être 20° d’écart. Emy rame toujours avec conviction, ça ne devrait pas tarder. Sa mère a déjà capitulé, elle est allongée les quatre fers en l’air entrain de faire bronzer l’entrejambe, cool les vacances  !

Bonaventure - Rivière aux loups

11h : « Papa c’est quand qu’on arrive ? J’ai faim ! » Mais pourquoi Dieu m’a-t-il pourvu d’une conscience si clairvoyante ??? Comme dit le proverbe : les sots d’esprits sont toujours heureux ! « Veux-tu un peu d’algues sur un caillou ? », décidément mon humour n’enchante pas ma fille, il faudra que je m’améliore.

12h : On entrevoit le quatrième et dernier pont qui signifie que l’on arrive à bon port. Plus qu’un kilomètre et c’est l’arrivée. La marina est à portée de vue et l’on distingue déjà les dégâts que peut avoir la vie du port sur la faune sous marine, quand ce n’est pas des algues qui tapissent le fond si clair auparavant, c’est une vase marron qui colle à la pagaye. Dommage que le finish est lieu ici après un tel parcours !

Bonaventure - Rivière aux loups

12h30 : En attendant le car qui nous ramènera au camping, bah oui on va pas se taper le retour à contre courant quand même on n’est plus au 20ème siècle, désormais le touriste est roi, et le touriste une fois qu’il s’est bien laissé glissé sur l’eau pendant deux heures il commence à avoir les crocs, alors il faut le ramener à son camp de base afin qu’il puisse réapprovisionner ses accus.

Le car arrive est c’est avec un grand plaisir que l’on monte enfin dans ces anciens car qui servaient à transporter les écoliers, vous savez ces cars jaunes comme celui vient chercher le petit Forest Gump dans le film du même non. Ces cars sont toujours d’actualité présentement (comme diraient nos amis québécois) mais ils sont plus hi-tech, celui dont je vous parle est vraiment à l’ancien, la porte s’ouvre avec une poignée accessible par le chauffeur, les fils électriques débordent de partout, le compte tour et le tableau de vitesse ne marchent plus. Le véhicule est peint aux couleurs de l’acadie, bleu, blanc, rouge avec une étoile. Direction le camping. En chemin je raconte à Emy l’histoire du petit Paul qui était assis à notre place. Tous les matins il prenait ce car, vêtu d’un pantalon marron et d’une petite chemise blanche. Dans sa main droite une pomme que son lui avait donné ce dimanche pour sa maîtresse, lors du diner familial, car chez les Watford le dimanche c’est sacré, on dîne en famille autour d’une grande table et on fait saigner le cochon. L’oncle de Paul aimait sacrément l’école, c’est d’ailleurs grâce à lui qu’il avait été reçu un an plus tôt que prévu car il était né en janvier. Après une soirée bien arrosée et une remise en état des ressorts de la literie du grenier, Paul avait compris que son oncle et sa future maitresse avaient du discuter longtemps de son cas. Dans sa main gauche un livre, la bible bien sur car chez les Watford on est pratiquant de père en fils. Surtout depuis que le cousin Frantz avait échappé miraculeusement à la mort lors d’un accident de voiture, il faut dire que la voiture de police qui le poursuivait après sa sortie un peu précipité de la banque, avait du le perturber dans sa conduite. C’était un petit gars ordinaire avec une famille ordinaire comme il en existait beaucoup à cette époque. Ah ! C’était le bon temps !

14h : Après un bon petit sandwich façon Agnès, nous voici requinqués, prêts à affronter l’eau fraiche de la rivière.

14h30 : J’ose braver le courant et la fraicheur de l’eau ! Mon thermomètre personnel m’annonce une température de moins cinq pénis sous les testicules, ça commence à être le seuil de tolérance maximum. L’eau est si claire qu’elle donne vraiment envie d’y plonger tout le corps, comme une impression que tout l’organisme se régénère. Bon cet un avis personnel qui n’est pas partagé par Agnès ni Emy qui préfèrent se régénérer face contre terre sur la serviette au soleil… différence de point de vue quand tu nous tiens.

Bonaventure - Rivière aux loups

16h : L’heure d’une petite boisson en terrasse histoire de reprendre des forces avant notre épopée de plus de 5h de voiture pour rejoindre la région du Bas Saint Laurent.

17h : Départ vers Bonaventure afin de constater, comme l’indique le guide, que la ville est très jolie en effet ! Bon allez on se casse ! C’est vrai qu’au bout d’un moment on devient assez exigent sur les paysages qui méritent que l’on sorte la tête de notre coquille. En même temps lorsque l’on sait le temps de route qui nous attend, on espère ne pas arriver trop tard.

18h30 : On quitte la côte pour s’engouffrer dans les terres, au revoir la Baie des chaleurs. On court après le soleil qui joue à cache-cache avec les montagnes. On espère trouver un lieu pour le voir se coucher et diner par la même occasion, mais au Canada déjà t’oublies le camping sauvage mais alors pour avoir un site avec point de vue sans tomber sur une propriété privée c’est de l’ordre de la mission impossible.

19h30 : On arrive au lac Matapédia, lieu qui devait être notre étape pour la nuit mais que l’on a choisi de sauter afin de récupérer du retard pris sur le timing prévu. Ça ne sera donc pas notre étape pour la nuit mais notre étape pour le repas, d’autant que le coucher de soleil sur le lac vaut le détour. Je range le véhicule dans le bon sens afin de manger avec vue sur le plan d’eau, la classe ! Lorsque l’on s’habitue au camping, on se satisfait d’une petite pause sur une aire d’autoroute avec vue sur le lac comme si on nous proposait un duplex avec vue sur la mer ! Ce sont ces petits riens qui font ces petits tous !

22h : Emy dort à point fermé sur le lit avec ceinture de sécurité que sa mère lui a installé à l’arrière. Il nous reste 1 heure pour faire 96 kilomètres et arriver avant 23h pour s’installer au camping de la ville de la Rivière aux loups. Au pire on dormira sur un parking, mais j’aurai apprécié une petite douche avant de dormir, ce n’est pas que conduire salisse, mais c’est comme si le corps été resté plié pendant deux heures, une douche permet de se détendre avant un bon gros dodo.

23h : Arrivé sur le pouce ! La gardienne du camping car nous accueille avec le sens qui caractérise si bien les canadiens. Il pourrait y avoir une apocalypse, un tsunami pourrait bien menacer la Gaspésie entière, ces gens là ils continueraient de t’accueillir comme si tu étais leur premier client durant leur premier stage en entreprise.

23h30 : Camping car branché, sur une pente de 30% vers mon coté du lit, je sens que Agnès va me rouler dessus toute la nuit ! Hum quel bonheur.

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