Petit je me souviens avoir demandé à ma mère : “Maman, comment je saurais que je peux faire des bébés ? ” et je me rappellerai toujours de sa réponse, qui soit dit en passant mérite d’être saluée, tant la vitesse de réaction laissait croire à une évidence : “un matin tu te réveilleras et ton matelas seras mouillé, alors ça veut dire que tu pourras faire des bébés !”. On se construit avec les outils que nous transmettent nos parents tout en jurant que l’on ne fera jamais comme eux, intéressant…
Un enfant, j’en ai toujours rêvé mais comment ? avec qui ? combien ? dans combien de temps ? pour l’élever comment ? Autant de questions qui m’ont hanté l’esprit à l’adolescence et bizarrement, 20 ans fraîchement passé, une fois que l’on s’est rendu compte que la majorité n’apportait rien mais alors rien de plus qu’avant, j’ai oublié toutes ces questions et je me suis mis à vivre…Vivre ? Non, je n’étais pas mort, mais j’ai arrêté de me poser ces questions et j’ai pris une claque dans la gueule, un truc violent, c’est paraît-il le temps qui passe. Une petite dizaine d’année sans se rendre compte qu’elles filent entre vos doigts. Bien trop occupé à goûter, sentir, essayer les expériences de la vie.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est à ce moment là que tu rencontres La femme. Tu le sais pas encore mais elle est toi, enfin ce que tu as en dedans. Cette partie de toi que l’on appelle l’âme sœur. Je n’avais jamais réussi à m’imaginer la femme avec qui je passerai le restant de ma vie, la seule chose qu’un homme soit capable d’imaginer c’est le fantasme idéale mais la femme idéale… trop compliqué. Un auteur à succès a écrit quelques lignes très justes à ce sujet : “…ce n’est ni la femme ni l’homme qui doivent être idéaux, mais ce qu’ils veulent construire ensemble.”
A ce moment là, mine de rien, la vie te joue un petit jeu fourbe dont elle seule a le secret. Sans t’en rendre compte, tu t’installes dans la vie, tu emménages, tu fais des projets de voyage, tu réfléchis à comment passer les fêtes de noël ensemble et tout plein de ces petites choses qui font ces petits riens comme dirait le poète. Certains diront que tu t’es emprisonné, d’autres que tu fais le canard face à ta dulcinée, d’autres encore que tu t’es enfin casé. Je n’arrive pas à me dire quoique ce soit à ce propos.
La vie, j’ai décidé de la suivre et de jouer à son jeu. J’aurai pu quitter la partie comme font certains jeunes à l’adolescence, quand l’impression d’un mal être devient plus fort que tous les maux de toute la planète. Plus grand, quand tu réalises que les parents ont leurs histoires de grandes personnes mais que tu te trimballes toutes leurs casseroles. Et puis plein d’autres raisons qui peuvent pousser n’importe qui à faire n’importe quoi ! Tiens je vais peut-être payer des royalties pour cette référence.
Enfin moi j’ai décidé d’accepter la vie parce que malgré mon peu de chance aux jeux, j’étais trop curieux de connaître les prochaines aventures qui m’attendaient. En même pas dix ans j’en ai bouffé de l’aventure, à tous les niveaux. Si je pouvais émettre une déception sur la vie, elle ne te préviens pas. C’est vrai quoi ? Quand tu fais un voyage tu t’attends à voir du paysage, tu prends un appareil photo ! Quand tu veux une superbe voiture tu t’attends à payer cher, tu mets de l’argent de côté ! Et pour ceux qui ne sont pas très doué en métaphore la dernière, : quand tu vas aux WC tu t’attends à faire tes besoins, tu prends du papier !
En bref, si on te prévenait que tu vivrais autant de choses, tu penserais à lever la tête et te rendre compte que le temps passe, à grand vitesse. Au lieu de ça, tu te réveilles un beau matin et tu vas avoir 30 ans, c’est fou !?! Je me redresse sur mon oreiller et à mes côtés j’ai mes deux raisons de vivre. Celle pour qui tu t’arracherais le cœur s’il le fallait afin quelle puisse tout obtenir, et celle pour qui tu t’arracherai le cœur s’il le fallait afin qu’elle reste à tes côtés toute ta vie. A vous de trouver, qui est qui ? Et merde encore des royalties à payer !
Est-ce que faire partie des personnes les plus gâtées sur Terre, ne devrait pas suffire à notre bonheur ? Non, il faut encore se demander pourquoi on est pas plus heureux ! On dit que l’on veut toujours plus, mais c’est pas vrai, moi je veux juste que ma fille elle devienne une belle personne, que ma femme ne se trouve plus grosse, que ma fille ne se fasse jamais agressée, que ma femme ait enfin un jean à se mettre, que ma fille puisse me dire : « je t’aime papa », que ma femme m’aime comme au premier jour… Vous pensez que c’est être exigeant ?
On devient adulte avec toute la panoplie qui va avec. Tout ce dont on regardait de loin étant plus jeune, en se disant : »jamais ça ne sera pour moi », “J’veux du soleil !” et voilà encore des pépettes dans le parcmètre. Alors faisons le point, le bilan, vous savez le truc qui fait tant peur à Sarko : j’ai bientôt 30 ans et j’ai la plus belle fille du monde avec la plus belle femme du monde, oui je sais tout est relatif comme dirait Einstein. C’est drôle que je commence par là dans mon bilan, j’aurai pu débuter par : mon boulot ou mes compétences, ou encore : mon livret A. Non, je commence par l’essentiel finalement. Alors pourquoi on ne le comprend pas tout de suite, pourquoi on met autant de temps parfois à le découvrir, pourquoi on envoi chier nos parents quand ils nous demandent si ça va ? Oui maman je vais bien, je suis heureux et tout va pour le mieux ne t’en fais pas pour moi !
Nos proches, ça c’est important. Encore plus la femme de sa vie et ses enfants, mais je pense que comme dans le livre “l’alchimiste”, on a besoin de vivre pour s’en rendre compte. On a besoin de voyager, partager, apprendre, dés-apprendre parfois pour mieux comprendre que l’or est à porté de sa main et que la vie nous en donne les moyens. Tu peux aussi passer toute ta vie à profiter des expériences et ne jamais poser tes bagages de peur de ne plus pouvoir re-décoller, de peur de ne plus pouvoir profiter. Moi j’ai atterri il y a cinq ans maintenant et j’en paye les frais aujourd’hui : une fille qui me colle sa bouche pleine de bave sur la mienne et ma femme qui me dit je t’aime… Je me sens bien.
Et même si l’avenir ne me rassure pas, si j’ai peur de vieillir, de me prendre la tête avec ma fille pour ces mêmes conneries que l’on vit plus jeune et dont on envoie balader ses parents en pensant :“pfff! les vieux”. Si j’ai peur de ne pas plaire un jour à ma chérie, de ne plus pouvoir être capable de ceci ou de cela… malgré tout ça je me dis que ça reste une bien belle aventure à vivre et je suis pressé de la vivre à ma manière. J’en accepte les règles du jeu et leurs conséquences alors repartons pour un tour, mais cette fois-ci gardons la tête levée parce que la vitesse risque d’être fulgurante.
A tout ceux qui hésitent encore à atterrir je vous remercie, car tant qu’il y aura des hommes là haut avec leurs bagages, je continuerai à me prendre pour un privilégier.