Mission Canada // Part. 9 Bon Désir – Baie Comeau

8h : Réveillés une nouvelle fois par la chaleur, mais moins qu’hier, qui a eu la bonne idée de laisser ouvert les trappes du toit pour laisser s’échapper la chaleur ? C’est bibi !

Nous savourons une dernière fois notre petit déjeuner en terrasse sur le Saint Laurent et je crois voir au loin une baleine qui me dit au revoir avec sa queue, à moins que ça ne soit un marsouin, ou peut être tout simplement une mouche qui passait devant mon nez, peu importe !

Bon Désir - Baie Comeau

9h30 : direction la pointe aux Outardes où nous allons pouvoir profiter d’un bain de boue bien mérité, c’est noté dans le guide du routard ça ne peut pas nous faire de mal ! Ah oui petite note à ce sujet, si tu ne viens pas au guide du routard, c’est le guide du routard qui viendra à toi. Inutile de chercher à voguer vers d’autres horizons, j’ai testé Lonely Planète, Guide Horizon, ou encore les guides locaux, que nenni, au final tu ne retrouves toujours qu’un simple extrait de ce qui peut se retrouver dans le routard, donc moralité française : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ! Ne chercher plus, d’autres s’en sont chargés pour vous. Après je vous l’accorde, le guide à souvent un parti pris, et alors ! Parce que quand un abruti te propose de voter pour lui pour une France plus sûre et laver de ses racailles, tu votes pour lui ? Bon mauvais exemple, un autre : parce que quand un voleur te propose un régime miracle qui te fait maigrir pour reprendre tous tes kilos deux mois plus tard tu vas acheter son livre ? Bon laisse tomber, je l’avoue on est tous des moutons en puissance. Bah que cela ne tienne, ça vous fera une excuse pour dire que le plan foireux n’était pas de votre faute mais celle du guide.

11h : On devrait pas tarder à arriver à la Pointe aux Outardes. Sur le guide il est écrit que ça se situe entre les Escoumins et la Baie-Comeau, c’est à dire une distance comprise entre 40 et 140 kilomètres, soit le problème suivant :

140 kilomètres distance la plus éloignée que je soustraie à 40 kilomètres distance la plus courte, c’est égal à 100 kilomètres, distance en ces deux points. Je divise par 2 la distance entre ces deux points pour obtenir la médiatrice du chemin entre le point A et le point B : 100/2= 50 kilomètres, Que j’additionne à la distance du point le plus proche pour obtenir l’abscisse de la Pointe aux Outardes et j’obtiens : 50+40 = 90 kilomètres, donc on arrive là-bas dans moins d’une heure et demi !

Yeah ! Je sais enfin à quoi me servent ces années d’algèbre, à tant trimer sous le poids des devoirs et des heures de professeur particulier pour arriver à ce niveau de perfection !

Heu… pourquoi on met autant de temps ? Mes calculs seraient-ils erronés ?

Ah ok ! En fait lorsqu’il est écrit « se situe entre », c’est un peu comme lorsque la gardienne de votre immeuble vous annonce que le plombier viendra réparer votre fuite d’eau, qui vient de provoquer la noyade de la voisine du RDC, dans une fourchette de temps située entre 9h et 17h ! Et quand ce dernier apparaît à 16h58 en s’excusant à peine, on appelle cela un râteau ! Et bien pour le guide c’est pareil : « situé entre » veut dire, vise la direction finale et tu seras arrivé à bon port.

12h30 : Comme non prévu mais finalement prévu quand même dans le râteau du guide, nous voici à la station ‘Argile et Eau’, qui propose des bains d’argile. Après une petite pause déjeuner, nous prenons nos serviettes sous le bras et partons nous présenter à l’accueil.

Bon à première vue c’est propre, ça sent bon et c’est bien organisé, enfin là je ne vous parle que de l’accueil. Une femme nous explique comment nous rendre à la plage d’argile : « alors vous allez tout droit, vous suivez la route là présentement, pis vous allez voir une sortie ‘plages’ à gauche là, juste avant un centre de recherches, mais faut surtout pas dépasser le centre de recherches. Pis après vous tournez encore à gauche là et vous aller arriver. »

Munis de ces précieuses informations nous reprenons nos serviettes sous le bras direction notre forteresse volante et en route…

Je pense que la nana doit être formée par le guide du routard parce que lorsqu’elle dit « vous allez tout droit », elle omet juste de dire : tout droit pendant au moins 20 minutes ! Parce que sinon tu t’attends à prendre le premier carrefour. Enfin, nous arrivons sur une aire de parking où un adolescent chevelu à casquette à rebord droit, nous accueille : « bah c’est bon lo, vous avez qu’à vous parquer lo !… ensuite vous pouvez vous changer lo (nous montrant une sorte de toile tendue sensée représenter une cabine pour se changer)… ensuite vous me suivez »

Arrivés sur la plage, il se fait relayer par un autre ado en short tout droit sorti du film « Les beaux gosses » . Il nous emmène vers une partie de la plage où une coulée d’argile recouvre le sable. C’est surprenant, on dirait aux premiers abords que l’Erika a connue une nouvelle perte de mazoute ! Les pieds s’embourbent et restent presque accrochés à cette matière grise, visqueuse et collante.

Il nous présente le mode d’emploi : « vous avez des coins lo, vous pouvez y aller, et après vous pouvez vous rincer dans la mer qui est lo-bas ! »

Ah ouai ! Quand même ! Bon bah, y a plus qu’à, comme dirait le soldat de 39-44.

Bon Désir - Baie Comeau

L’eau est fraiche mais c’est franchissable, le contact au fond de ce petit bassin naturel est encore plus étrange que sur la plage. On dirait que l’on va s’enfoncer dans des sables mouvants. Plein de petites crevettes, qui doivent être du Krill piégé par la marée basse, nage dans le bouillon gris, ce qui rend la mixture encore plus dégoutante. Prenant mon courage à deux mains, ainsi que deux bonnes boulettes d’argile, je m’enduis de cette boue sur tout le corps comme s’il pouvait me couvrir de cette petite brise fraiche. Le contact avec la peau est assez agréable, on s’habituerait même à cette manière de se laver ! Par contre le temps de séchage est assez rapide, notre peau ressemble rapidement à celle de l’hippopotame ou celle de l’éléphant, grise, sèche et rugueuse.

Emy pousse des cris de dégoût : « aaaaaah ! Mais c’est dégueu !!! »

Bon Désir - Baie Comeau

Phase rinçage, peut-être la plus critique car il s’agit de rejoindre la mer qui est bien basse, en empruntant un chemin barder de coquillage, pour se rincer dans une eau qui, si mes souvenirs de Tadoussac sont exactes, ne dépasse pas les 4° !

Bon Désir - Baie Comeau

Ouf, la marée basse nous assure cette douceur de l’eau, nous nous régalons à nous rincer et retrouver notre peau rosie. Ça restera sans nul doute, un des moments les plus insolites du voyage.

Bon Désir - Baie Comeau

Nous retournons à notre navette spatiale comme on s’amuse désormais à l’appeler avec Emy, le visage encore recouvert de restes d’argile coincé entre les narines et les oreilles. Que diriez vous de faire quelques courses ?

15h30 : Nous pénétrons dans l’hypermarché, et nous sentons le poids des regards inquisiteurs. Ce doit être les stigmates de notre vie de débauche dans la boue qui effraient nos cousins canadiens !

17h : Arrivée dans notre dernière ville de la côte Nord Baie-Comeau, d’où nous partirons demain soir pour Matane, que je n’arrête pas d’appeler, mais vous le comprendrez aisément j’en suis sûr, Manhattan. Le premier contact est assez froid dans ce village? J’appelle ces patelins des villages, car pour moi des villes ça ressemble plus à un entassement de gens les uns sur les autres où la vie grouille de partout, ce qui n’est pas le cas dans ces bourgades, loin de là. Pour couronner le tout nous passons devant une énorme, que dis-je c’est un cap, une péninsule ! Une immense centrale genre Tchernobyl en moins glauque quoique, c’est une aluminerie. Ne me demandez pas ça sert à quoi, vous vous doutez bien que le guide du routard ne va pas se vanter de présenter les mérites d’un tel monument. Heureusement, sans perdre espoir et le fil de ma route, je continue jusqu’à un passage genre chemin de terre mais pour poids lourds, large de 10 pieds (ouais je sais maintenant je me la pète je parle couramment québécois, quoique là ça satisferait plus nos cousins de l’Ontario). Et après 2 kilomètres nous débarquons sur un camping très mignon, avec des allées bordées de petits luminaires blancs, chaque emplacement étant soigneusement indiqué d’une petite pancarte blanche et du gravier blanc recouvre toutes les parcelles. Un terrain de jeux fait déjà saliver d’envie notre Emy aux gambettes de feu. La plage située juste à l’arrière de notre place de camping-car promet de belles baignades, dès demain à l’ouverture ou plutôt, dès la présence du MNS.

Ce soir, pour ma part je change mon classement des meilleurs campings de notre trek québécois :

1° Bon Désir aux Bergeronnes
2° Boréal, présentement à Baie Comeau
3° Douce Evasion à Saint Jean des Piles
4° Val Jalbert
5° Belley Pointe taillon
6° Saint Félicien
7° Tadoussac

19h : Après une brève tentative de mise à l’eau dans une eau pas si fraiche que ça, à mon grand étonnement, nous partons vider la vessie de ma fille. Pour elle aussi faut souvent que je fasse les niveaux car les petits organes se remplissent vîtes. Ils sont originaires de sa mère, chez eux on les monte en série, la main d’œuvre est moins chère et la qualité pas terrible, c’est comme pour mon genou, ce sont des défauts d’usinage.

 23h : Après un bon diner pris aux chandelles avec les écureuils, un feu de camp avorté par la pluie (encore et toujours ce temps de m…..tabernacle !), trois parties de jeux de société où pour une fois je ne suis pas dernier, une histoire qui parle improvisée (oui c’est un délire entre moi et ma fille, seul ceux qui débordent d’imagination et conservé une âme d’enfant pourront peut être un jour comprendre l’histoire qui parle, dans un prochain numéro), un épisode de Game of Thrones et nous voici sur le point de sombrer dans les bras de Morphée…

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