Mission Canada // Part. 6 Pointe Taillon – Tadoussac

Pointe Taillon - Tadoussac

8h00 : C’est incroyaaaaaable ! Comme dirait notre ami Furby. Record absolu. Ça y est on y est, vous savez le moment où l’homme fait corps avec son élément. Après la famille Pierrafeu je vous présente la famille Camping-car, à l’aise dans son intérieur gris-marron, en tissu polyamide, aux mailles extra larges. Elle se déplace au gré de ses envies, de camping en camping, sans se soucier d’y trouver toilettes ou douches, car la famille camping-car est autonome, elle a sa propre réserve d’eau douce et son propre propane. Elle peut tenir ainsi, exposée dans la nature pendant des jours sans jamais souffrir d’une quelconque pénurie. Ce maillon incontournable de la vie au grand air, n’adapte pas son comportement aux reliefs alentours, il ré-organise lui même son milieu, encourageant même les castors à se construire de véritables chalets au lieu des huttes de bois habituels, il motive l’orignal à troquer sa paires de bois pour un vrai porte manteau en chêne, en clair il rayonne de part son choix de vie.

9h00 : Agnès part pour son footing matinal, tandis que Emy et moi nous partons à la reconnaissance du camping Belley. Grands allées, bordées de 4×4 plus énormes les uns que les autres, on se croirait à un salon Porte de Versailles sur les Monster Trucks ! Après une vaisselle rapide au bloc sanitaire (eh oui l’habitant du camping-car sait parfois rejoindre les gens du peuple et utiliser comme ses congénères, les moyens du bord) nous découvrons un parc de jeux très sympa à dos de colline. Emy est réjouie et s’empresse de parcourir les différents monticules plusieurs fois de suite.

Pointe Taillon - Tadoussac

10h00 : Rendez-vous place des petits pins pour voir si Agnès est de retour indemne ! Intacte de ses 12km, nous profitons de ce temps particulièrement  clair pour nous rendre à la plage. Que ça fait du bien le sable entre les doigts de pieds, c’est une sensation de vacances. L’eau est vraiment très fraiche, même pour les pieds c’est difficile de laisser son orteil congestionner là pendant cinq minutes. Pourtant les gens vont et viennent dans l’eau, de la plage à la petite ilounette qui est située à une dizaine de mètres du bord, sans émettre un tressaillement ! Et bien même pas peur, Emy et moi on enfile nos combinaisons shorty, nous équipons de nos masques et tubas et nous munissons d’une bonne dose de courage pour affronter ce milieu hostile ! Je remarque que les regards se posent sur nous lors de notre traversée de la plage, ils sont sûrement impressionnés devant tant de prestance et de beauté face à de tels corps engoncés dans ces étroites armures de néoprène ! C’est ça ou alors c’est qu’on a l’air complètement ridicule ! Mais j’aime à penser qu’il s’agit de la première solution, comme disait ma mère un soir de blues autour d’un bon chardonnay : « aime-toi toi-même parce que c’est pas les gens qui te le diront, hic ! » avant de s ‘effondrer mollement face contre table dans son assiette de fromages.

12h00 : Après cette escapade aquatique nous nous délectons d’un sandwich façon Agnès et nous partons pour notre périple du jour : le parc national de la Pointe Taillon.

14h00 : Nous arrivons sur place et nous optons rapidement pour la solution suivante : forfait 4h, un vélo chacun et une chariote pour la petite, elle va pouvoir faire une petite sieste. Ça ne loupe pas, sitôt installée elle met montre en main, 15 minutes à rejoindre le pays des songes. L’aventure commence, le chemin est tranquille pour le vélo, le paysage de toute beauté, on se croirait dans un décor irréel de Into The Wild, en espérant une fin meilleure ! Les kilomètres s’enchaînent rapidement, 1, 2, 3, 4… Nous prenons le paris de finir le parcours d’une quarantaine de kilomètres dans le temps imparti.

Pointe Taillon - Tadoussac

15h30 : Pratiquement la moitié du chemin, cette première partie du parcours était assez simple, quelques faux plats mais qui rassurent si on emprunte ce même parcours sur le retour, on ira plus vite.

16h00 : Kilomètre 20, les nuages arrivent au loin, ils sont nombreux et menaçant. Nous entamons le virage à gauche qui amorce le retour en empruntant l’autre côté de la presqu’île.

16h15 : Nous tentons d’accélérer face à l’évidence que nous allons prendre la sauce ! Bizarrement nous ne croisons plus d’abris depuis 4 ou 5 kilomètres. Le poids de la roulotte et d’Emy commencent à peser sur mon vélo et je ressens une baisse de régime qui ne va pas disparaître avec le temps.

16h30 : Les premières gouttes tombent et là c’est le drame, comme si un mec d’en haut te balançait un arrosoir d’eau froide, sauf que l’arrosoir il a un réservoir avec une capacité de trois quart d’heure de litres, et un débit constant d’une mousson indonésienne. Dans les premiers kilomètres je résiste malgré l’absence de mon k-way, même pas peur, voir content de pouvoir me réhydrater. Par la suite, le vent s’affirmant davantage, la température corporelle commence à lutter pour maintenir les 37,2° d’origine. La roulotte paraît se charger de flotte et le poids plus lourd, c’est ça ou ce sont mes  cuisses qui pédalent au ralenti. Un peu des deux peut-être !

16h45 : De toute évidence nous ne rentrerons jamais à l’heure ni au sec. Et pour combler le tout, un arbre c’est effondré sur la piste, je maudis les castors. Je me vois alors prenant la chose à deux bras et tel Bruce Banner, faisant  voler ma chemise en mille morceaux, mes muscles saillants se colorant en vert, j’envoie valdinguer ce tronc d’arbre en poussant un cri de rage qui caractérise tant ce personnage de Marvel, ou Hulk pour les intimes. Bon ça c’est dans ma tête, en réalité ça donne plutôt ça : « regarde Emy papa il va soulever l’arbre, hissssssssseeeeee…… bon Agnès aide moi on va soulever la roulotte par dessus. »

17h00 : Un abris, enfin nous allons pouvoir nous sécher un peu. En plus y a des toilettes, quel miracle ! C’est fou comment ces petites choses deviennent des petits plaisirs de la vie dans de telles conditions.

Pointe Taillon - Tadoussac

17h15 : Nous décidons de remettre les voiles en dépit de la pluie qui a quelque peu diminuée d’intensité.

18h15 : Je vous la fait courte mais pour vous épargner l’enfer des cette dernière heure à pédaler avec des cuisses réduites à l’état post embryonnaire, un cul que jalouserai les macaques du japon, un taux d’humidité corporel atteignant les taux des combinaisons humides de plongeurs après une escale sous épave, et un moral aux tréfonds des chaussettes maudissant jusqu’à la plus petite chenille barrant le passage de mes roues !

Nous rejoignons notre lieu de villégiature en marchant comme des canards, déshydrater comme des fruits secs et l’estomac entamant la digestion de mon foie et mes intestins.

Bilan et note pour plus tard : 4h de vélo c’est bon pour le tour de France, pour nous pauvre mortel il faut 1h aller, 1h à profiter de la plage, 2h retour sur le même chemin en s’arrêtant ici et là, à la recherche de castor et autres animaux. Vous finissez ainsi tranquille avec un petit café en terrasse.

Pointe Taillon - Tadoussac

19h30 : Après une douche chaude et revigorante dans le camping-car, quel bonheur d’avoir l’eau courante non payante à dispo ! Le ventre plein de gâteaux secs, nous partons pour notre prochaine étape : Tadoussac. Nous devons arriver avant 23h, heure de fermeture du camping.

21h00 : Pause Mac drive, on pourra enfin dire qu’on a en réellement manger dans notre véhicule, et pas coincé derrière son volant ou simplement pour prendre  à emporter et manger à la maison. Direction le micro pour passer commande :

« Bonjour »
« Bonjour je voudrai tout d’abord un menu Happy Meal pour la petite »
« Un quoi ? »
« Heu un menu enfant quoi »
« Ah un menu Joyeux Festin ! »
« Ah bon ! Sans blague ! Ah oui je vois (regardant sur le panneau d’information) alors un menu festin avec un sandwich double fromage et des frites et des nuggets »
« Des quoi ? »
« Roooo, mais ça suffit, toi pas parler la France ou quoi ? Bon alors comment vous dites chez vous (regardant encore et toujours le panneau), ah ok, des croquettes ! »
« Et le breuvage ? »
« Le quoi ? Ah vous voulez dire la boisson ! Un jus de pomme oui très bien »
« Très bien, c’est complet ? »
« Quoi complet, ton restaurant ou ma commande ? Non je n’ai pas fini ! »

S’en est suivi un dialogue de sourd entre moi et l’interphone. Quelle lutte acharnée pour commander (mais ça ne change pas des commandes parisienne me direz vous, et vous aurez raison)  trois menus et finir avec dans les bras un menu en moins dans le sac, grrrrr…

22h15 : Arrivée à notre campement, Emy dort depuis longtemps. Episode de Game of Thrones pour conclure cette journée.

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