Mission Canada // Part. 14 Perce – Bonaventure

9h30 : Après un réveil d’Agnès à 5h du mat’, qui en allant faire pipi à la bonne idée de vouloir éteindre le chauffage mais allume la clim, la ventile puis le tout en même temps ! On émerge du lit tant bien que mal à cette belle heure matinale, non sans avoir essuyé depuis les 8h, 8h30, les différents petits signes distinctifs qui nous informent que notre fille adorée est réveillée : long grincement de porte pour entrer dans les wc, long grincement de porte pour sortir des wc, long grincement de porte pour fermer la porte des wc, demande pour savoir où se trouve le doudou perdu qui s’est caché sous l’oreiller, bruit de scratch pour ouvrir les rideaux, petite question sur le pourquoi du comment les moustiques ils boivent du sang, demande d’info pour connaître le temps de service du prochain petit déjeuner… Finalement 9h30 c’est juste histoire de dire que l’on est des parents très patients !

Miracle, par la fenêtre on ne voit plus de pluie ! Ça fait tout de même plus de 30h que ça n ‘était pas arrivé ! On garde espoir.

11h : Petite balade sur le port, nous allons nous renseigner sur les tarifs et horaires des bateaux qui partent visiter la pointe qui ressemble à une pointe des falaises d’Etretat, et l’île Bonaventure avec ses fameux Fou de Bassan. Les départs commencent à 13h et s’achèvent à  17h. Ça commence par un circuit autour de l’île d’1h de trajet, pour enfin déposer les touristes sur l’île afin de profiter des randonnées et de la colonie d’oiseaux. Le retour des navettes s’effectue toutes les heures jusqu’à 17h, faut pas louper le dernier métro quoi ! On se dit qu’on verra en fonction de la météo mais Agnès semble aussi emballée que de faire un workshop avec un aveugle.

12h : Après cette balade matinale on termine notre route dans le restaurant proche du camping, oui je sais on a mangé y a à peine deux heures mais l’air marin ça creuse ! C’est ça où c’est la curiosité de savoir ce qu’on peut manger comme conneries dans ces petits restaus de bord de mer.

13h : Après quelques sandwichs clubs très sympathiques et un café typiquement canadien (ça c’est juste un code au cas où un canadien récupèrerait mon fichier et lirait ce document, sinon ça veut juste dire un café dégueulasse où plus communément appelé jus de chaussette dans certaines tribus), nous partons direction le centre nautique afin de savoir ce qu’il en est de la sortie.

A notre arrivée je vois écris ‘Jo’ sur un tableau en ardoise, suivi d’une liste de prénoms, j’en déduis assez hâtivement je l’admets, qu’il s’agit de moi et des autres membres de la palanquée (oui en plongée un groupe de plongeurs est une palanquée, ça veut pas dire qu’on est une bande de planqués au bistrot du coin à boire notre binouze et faire croire à nos proches qu’on a eu le mal des profondeurs et que c’est pour ça qu’on a mal au crâne, non ?) Malheureusement la femme derrière le bureau m’informe que la sortie est annulée à cause du temps ! Mille millions de mille sabords de temps pourri* ! Je sors méga déçu d’avoir autant cru que je rajouterai une énième feuille de plongée à mon carnet de bord de plongeur et que je pourrai me réjouir de collectionner presque une plongée dans chaque pays étranger où j’aurai séjourné. C’est le cœur gros que je profite du parc de jeux avec Emy et Agnès en me demandant pourquoi ai-je si peu de chance ?

13h10 : Je reprends du poil de la bête en faisant un bref calcul sur notre itinéraire : étant donné que nous avons sauté l’étape A (Parc Forillon) sur notre parcours à cause du temps, nous avons donc avancé d’un jour notre périple. Si nous ajoutons ½ journée à cette étape B (Percé), nous ne réduirons l’avance que de 0,5 jours sur l’itinéraire prévu, c’est donc possible ! Je propose à Agnès de voir si la plongée prévue pour le lendemain est assez tôt afin de partir dès le midi pour l’étape d’après, elle est partante ! Je me rue sur le bureau du centre nautique, empoigne le premier pèlerin qui passe et lui demande les infos pour la journée de demain : « départ 9h retour 11h », c’est parfait ma réservation est donc décalée pour demain, tout n’est pas perdu, je tiens encore la possibilité de parfaire ma collection de plongées.

13h15 : Emballé par cette nouvelle, enfin ça ne concerne que moi je l’avoue je me doute que de rester dans cette ville sous la pluie n’enchante pas Agnès mais ce n’est pas pour déplaire à Emy qui a découvert un beau parc de jeux ! Nous partons direction le port pour réserver trois places sur le bateau pour l’Ile de Bonaventure. J’ai l’impression de partir pour une île de l’océan pacifique quand j’écris alors qu’il s’agit juste d’une île située en face de nous. Bon pas grave pour le dépaysement on aura au moins la chance de ne pas avoir de pluie, enfin ça c’est vite dit !

Perce - Bonaventure

14h30 : Le bateau a quitté le port depuis 25 minutes et au grand désarroi d’Agnès, nous sommes installés en première classe sur le pont du bateau avec vu directe sur le vent en pleine face. Vous savez comme ces fameux cars parisiens pour touristes avec un étage découvert, où quand il pleut on plaint ceux qui sont installés en haut en se disant : « ils sont fous ceux là d’aller s’exposer autant », bah les fous cette fois c’étaient nous ! Après quelques minutes de tangage, enfin quand je dis tangage, vous imaginez que je parle d’un petit soubresaut qui vous fait remuer l’estomac comme lorsque l’ascenseur s’arrête un peu trop brusquement ? Et bien non, là c’est carrément la tour de la terreur de Disney, ça fait un rouli roula que même le fait de l’écrire je l’imagine encore et j’en ai  la gerbe. La pauvre Emy qui s’imaginait être la fille cachée de Jack Sparrow a vite déchanté en découvrant ce que voulait dire l’expression mal au cœur ! Couchée comme une baleine échouée sur son père, je lui tiens le sac plastique pour éviter de la pencher sur le bastingage et de la perdre dans l’écume du bateau telle la petite sirène. Il commence à faire un peu chaud ! C’est ça ou le mal de mer qui me gagne également !

15h15 : On aborde le ponton de l’ile, « Libérés, délivrés ! Je ne mentirai plus jamais ! » Ouf, le plancher de la terre ferme, heureusement que le retour se fera en dix minutes, on évitera de gâcher un sac plastique.

Perce - Bonaventure

Direction les fous de Bassan, ces fameux oiseaux découverts le long de la côte écossaise, qui ont la particularité de se jeter comme des fous la tête la première dans l’eau, pour attraper les poissons qu’ils peuvent voir depuis des dizaines de mètres au-dessus de la mer. Impressionnant de les voir ainsi plonger.

16h : Nous arrivons sur le site des oiseaux et c’est extraordinaire ! ça gueule de partout, ils sont tous là (enfin tous, c’est vite dit car ils ont été recensé à 120 000 donc les autres sont soit dans les airs, soit dans les trous de la falaise, mais n’empêche qu’ils sont nombreux), on se croirait à une manif des infirmières, tous en blancs ! Par contre niveau odeur ça sent pas la rose, comme dirait Emy : « ah c’est dégueu mais ils se sont pas lavés au quoi ! ». Ce qui est étonnant c’est de voir comment chaque individu défend ses 80 centimètres carrés de terre qu’il appelle son nid, et si un petit quitte cette zone, bah la loi de la nature prend le relais… et là c’est le drame, des dizaines si ce n’est plus, d’oisillons morts jonchent le sol. Il y en a même un entrain se faire chicoter devant nos yeux par 4 oiseaux, c’est moche la nature parfois ! Hostile comme dirait Timsit.

Perce - Bonaventure

16h30 : Le naturaliste nous informe que l’on est les derniers et qu’il faut vraiment partir si on ne veut pas louper le dernier bateau. Ciel, je range ma gopro avec laquelle je m’amusais à faire peur aux oiseaux (c’était énorme, chaque fois que j’approchais la caméra ils se mettaient à l’attaquer le bec grand ouvert, on se serait cru dans OSS 117 dans son poulailler). Let’s go, c’est parti, allons y les amis, je sais qu’on peut y arriver, vas y Dora sort la carte ! Bon laissez tomber cet interlude Gulienne.

Perce - Bonaventure

17h : Nous quittons l’ile après avoir repris nos places en première classe au grand désespoir encore d’Agnès. Au loin le soleil pointe son nez et nous laisse l’espoir d’un jour nouveau sur cette bonne vieille terre gaspésienne, demain peut-être. En chemin le commandant de bord nous montre différentes forment fondues dans le paysage naturel qu’il a du découvrir avec ses camarades au cours de ses longues nuits d’hiver, arrosés d’un alcool d’érable : « alors ici vous pouvez voir la tête d’un indien », « ici un cheval qui se penche pour boire » et ton pif on t’a déjà dis qu’il ressemblait à un phare ? Bon visiblement Emy a reconnu toutes les formes décrites par le capitaine de navire, à croire que ce mec doit avoir le quotient intellectuel d’une fille de 6 ans ou alors que ma fille à un quotient intellectuel d’un capitaine ? Je pencherai pour la deuxième solution.

Perce - Bonaventure
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